Nathalie Prats

Peintre & Costumière

Le grand cortège, 2016, huile sur drap, 200 x 115 cm

Je suis née le 14 février 1961 à Auxerre dans l’Yonne. Mon père enseignait les Lettres Classiques, ma mère les Arts Plastiques. J’ai étudié l'Histoire en classe préparatoire au Lycée Henri IV à Paris puis à l’Université d’Aix-Marseille. Je suis devenue costumière en assistant Patrice Cauchetier, notamment sur la production d’Atys de Lully en 1987, mise en scène par Jean-Marie Villégier et dirigée par William Christie.

Je crée par la suite les costumes de plus d'une centaine de spectacles théâtraux et lyriques, dans des salles comme le Théâtre de la Ville (Paris), le Théâtre National de Toulouse, le Théâtre du Vieux-Colombier (Paris), le Théâtre National de Strasbourg, le Théâtre National de la Criée (Marseille), le Théâtre du Port de la Lune (Bordeaux), le Théâtre des 13 Vents (Montpellier), le Théâtre des Bouffes du Nord (Paris), le Théâtre du Peuple de Bussang, le Théâtre du Capitole (Toulouse), l’Opéra National de Bordeaux, l’Opéra National de Lyon, le Statni Opera de Prague, le Grand Théâtre de Genève, etc. L’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris fait également appel à moi pour nombre de ses productions.

L’Art de la comédie d’Edouard De Filippo, mise en scène Philippe Berling, 2011
© Raymond Garnero

Je commence ma carrière de costumière en collaborant avec Marcel Maréchal, Jacques Nichet, Jean-Louis Thamin, Jacques Kraemer, Charles Tordjman et Alain Ollivier. Je travaille ensuite régulièrement avec les metteurs en scène Philippe Berling, Roland Auzet, Dominique Pitoiset, Stephen Taylor, Olivier Letellier, Irène Bonnaud, Laurent Laffargue, Guillaume Delaveau, Bernard Levy, les chorégraphes Béatrice Massin, Noëlle Simonet et Jean-Marc Piquemal ainsi que Baro d’Evel Cirk.

Veit Tümpel joué par Philippe Lehembre dans La cruche cassée
© 1998 Max Armengaud

J’aime habiller les textes. Au fil des années j’ai développé une manière bien à moi de le faire. Un mélange d’historicité très pointilleuse et d’imagination synthétique toujours au service des comédiens et du projet des metteurs en scène. Une dramaturgie au plus près des corps. Une poésie de tissus.

Maquettes de costumes pour Torquato Tasso, 2013, aquarelle, 21 x 29,7 cm

J’ai toujours peint et dessiné. Ma première exposition eu lieu au Théâtre Granit en 1998 sur le thème des Vanités, une exploration collective pour laquelle j’ai montré une série de 83 aquarelles représentant les personnages en pâte à modeler faits par mes enfants avec en point final la boule multicolore de ces pâtes mêlées.

Pâte à mots n°1, 8, 53 et 63, 1998, aquarelle, 18 x 24,8 cm

J’ai appris la gravure, eau-forte et pointe sèche, avec l’Association pour l’Estampe et l’Art populaire de la rue des Cascades à Paris. L’exposition que j’y ai proposée en 2013 s’est construite autour d’un recueil de mes poèmes édité pour l’occasion « D’un hiver bleu ». Peindre et écrire pour moi sont étroitement liés.

La petite sourcière, 2002, eau-forte sur cuivre, 10 x 24,6 cm

À Toulon, j’ai un jour d’automne nagé au milieu d’un banc de daurades et j’ai ensuite peint des poissons, ma période « subaquatique ». Ce fut l’occasion d’explorer la matière de la peinture à l’huile sans le souci du dessin. Juste le geste juste et les coulures ; puis les empâtements. Les poissons qui nous regardaient sont devenus des feuilles, poussant vers le haut. Une fenêtre, un papillon…

Fenêtre, 2015, huile sur toile marouflée de papiers de soie, papillon, 81 x 130 cm

Je vis désormais dans un petit village de l’Auxois, mon ermitage bourguignon. Cette année le centre culturel du design à la campagne ARCADE de Sainte-Colombe-en-Auxois m’a demandé d’imaginer une exposition dans sa galerie des arcades pour montrer comment mon travail de costumière nourrissait ma peinture et vice-versa. J’ai choisi une centaine de maquettes de costumes et en écho mes toiles les plus récentes de la série des « Personnages ».

Exposition à ARCADE, Sainte-Colombe-en-Auxois, 2018

Mémoire vive : mon travail de peintre se nourrit de la connaissance du passé et des ailleurs acquise lors de mes études d’Histoire et de mes 30 années de recherches iconographiques pour la préparation des spectacles. Je m’inspire aussi de photographies anciennes glanées sur les marchés aux puces et dans les greniers de ma famille, ou encore des images découpées dans les journaux. Aujourd’hui est riche de toutes ces strates des vies vécues. Je les représente entremêlées.

Aïeules, 2017, huile sépia sur drap marouflé de papiers de soie, 73 x 100 cm

Je fais feu de tout bois : je peins sur des châssis tendus de vieux draps de chanvre, des chiffons trouvés dans la région, je les enduis à la colle de peau, je maroufle dessus du papier de soie récupéré dans les corbeilles des magasins de chaussures. Je broie mes pigments. J’aime l’artisanat de cet art de peindre comme j’aimais les odeurs et la sciure de l’atelier de mon grand-père ébéniste. Je dilue mes huiles en glacis, et je retrouve la lumière d’aquarelle de mes maquettes de costumes. Parfois le premier jet sépia suffit et je m’arrête là, je renonce à la couleur. Si je passe à la couleur, je songe à la matière de ce que je représente, velours, peau, soie, pelage, lin, cuir, plume…

La mésange bleue, 2017, huile sur toile, 120 x 60 cm

En peignant mes personnages je me raconte des histoires, comme en dessinant les costumes au théâtre. La vie de qui je représente, son avant, son après. Je me souviens des acteurs que j’ai habillés. Chaque corps est unique. Je me souviens de comment ils bougeaient. Je retourne à mes croquis de répétitions. Je les imagine animal. Je nage avec les daurades. Une tête de mésange conclue une robe jaune. Le renard n’est jamais loin.

Pendant le confinement, J'ai changé de direction, totalement. Comme j'étais obsédée par mon potager et mon verger, mes peintures se sont emplies de forces vives, de pousses, explorant les verts, tombant en amour pour le rose des bourgeons.
La Reine des Orties est entrée dans l'atelier.
Et maintenant, mes personnages cohabitent avec les branches bourgeonnantes.
Les bulles d'or naissent aux doigts de l'Infante.
Un jeune garçon écrit, un chiot sur ses genoux, la porte est ouverte.
Je coupe dans des draps tâchés la robe de la Reine des Orties.
Je couds sa jupe en tuyaux d'orgue.
Je la teins dans une décoction de feuilles de figuier dont elle garde l'odeur.
J'y peins des tiges et des feuilles, des fleurs comme le liseron part à l'assaut.
Un vieil homme porte des cordes, courbé.
Une femme aux cheveux tressés pose une assiette pleine de rouge sur la table.
Peindre est une rêverie concrète.

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